La taille de la vigne peut sembler simple de prime abord mais elle est diablement compliquée. Tailler sa vigne se réfléchit plusieurs années à l'avance en fonction de plusieurs paramètres cruciaux : le cépage (type de taille), le climat (type de palissage) et la météo (gel – grêle – stress hydrique …) qui peut remettre en cause la stratégie de formation et d'évolution du cep.
Découvrez les différentes techniques de taille et un métier très technique et aussi physique.
Par Stéphane R Le : 03-02-2025
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La taille de la vigne représente une étape cruciale dans la viticulture, déterminant directement la qualité et la quantité de la future récolte. Cette opération fondamentale permet de contrôler la croissance de la plante mais aussi la longévité de la plante avec le respect des flux naturels de sève. Ce respect assure un développement harmonieux du cep.
L'objectif principal est d'établir un équilibre entre la vigueur végétative et la production de raisins. L'autre objectif est de pouvoir lutter contre le gel. Certaines techniques de taille permettent d'avoir un impacte positif. Cette pratique que l'on expliquera s'appuie sur la compréhension du caractère acrotone de la vigne, où la sève tend naturellement à alimenter les bourgeons les plus éloignés de la base.
Le choix de la période de taille s'avère déterminant pour la santé de la vigne. Il est essentiel de respecter la période de repos végétatif. Ce laps de temps est en fonction de la zone géographique. Globalement, ce repos commence à l'aoutement du cep (le début des mises en réserve sur les futurs bourgeons) soit Aout/Septembre et se poursuit sur la période hivernale jusqu'à mars.
La taille est le premier travail à la vigne de l'année de production. Il est long, fastidieux et doit être d'une grande précision. La taille doit aussi tenir compte des risques de gel printanier qui peuvent compromettre les jeunes bourgeons. Ci dessous un gel de printemps sur feuille : la perte sera total sur ce cep.
L'ampélographie, science qui étudie les cépages, nous enseigne que chaque variété de vigne nécessite une approche spécifique de la taille. Cette adaptation aux caractéristiques propres de chaque cépage permet d'optimiser la production tout en respectant la physiologie naturelle de la plante.
Le choix de la méthode de taille doit prendre en compte la vigueur du cépage, son mode de fructification et sa sensibilité aux maladies. Cette personnalisation de la taille selon les variétés garantit une meilleure expression du potentiel de chaque plant.
Le choix d'une taille c'est aussi en fonction du climat dans lequel la vigne pousse et la physiologie du terrain. Ci dessous, une parcelle en palissage de type poteaux et l'autre en échalas. Sur le palissage classique, le cep de vigne va suivre le palissage : on parle du fil porteur car ce dernier va accueillir la baguette ou le cordon. Parfois le gobelet est palissé. On retrouve donc les tailles en Guyot, en Cordon de Royat, en Lyre et aussi en gobelet. Sur un palissage en échalas ou lorsqu'il n' y a pas de palissage comme on peut le voir en Beaujolais ou en Cote du Rhone par exemple, c'est le gobelet qui règne en maitre.
La taille de formation constitue la base de la future structure du cep. Cette étape initiale est réalisée pendant les premières années de plantation de la vigne. Elle détermine la forme que prendra le plant et va influencer sa capacité de production à long terme.
Cette phase cruciale nécessite une attention particulière pour établir une charpente solide qui facilitera les futures opérations de taille et garantira une bonne répartition de la sève dans l'ensemble du cep.
Cette taille particulière est identique quelque soit la future taille en mode production jusqu'à la deuxième feuille (2 ans). Durant la troisième année de formation, le cep va prendre sa forme final. Pour le gobelet, sa formation démarre en deuxième feuille mais la encore tout va dépendre de la vigueur du cep. En effet en fonction de la vigueur du jeune cep, la taille de formation doit être adaptée.
La taille en Guyot est une taille dite longue et représente l'une des méthodes les plus répandues dans la viticulture moderne. Elle se caractérise par la conservation d'une ou deux baguettes de production, permettant un excellent contrôle de la charge en fruits.
Cette technique offre l'avantage d'une bonne répartition des grappes et facilite les travaux d'entretien de la vigne tout au long de la saison. Avec les baguettes, on garde un courson à deux yeux francs. Si il n' y a pas de gel, ces deux yeux vont se développer et seront utilisés pour la prochaine baquette et le prochain courson.
En fonction des aléas climatiques, le choix de la baguette et du courson peut s'avérer être compliqué et cornélien. Le vigneron fait des choix ! Ces derniers peuvent produire des plaies de taille ou le développement de la tête de saule.
Cette taille nécessite plusieurs travaux qui se répètent chaque année. Par exemple après la taille de l'ancienne baguette, le choix de la nouvelle baguette et du courson, il faut attacher la nouvelle baguette au fil porteur.
La taille Guyot Poussard est une taille guyot avec un petit truc en plus qui fait toute la différence. Elle incarne l'approche respectueuse des flux de sève. Cette méthode douce vise à minimiser les perturbations dans la circulation de la sève, réduisant ainsi les risques de maladies du bois.
Cette technique favorise la longévité des ceps en respectant leur physiologie naturelle. Elle permet une meilleure cicatrisation des plaies de taille et limite les risques de dépérissement. Tout réside dans le choix du courson. Le courson est systématiquement positionné en dessous de la baguette et le plus important dans le prolongement du flux de sève. La coupe doit être franche et orientée en diagonal en direction du bas (éviter que les pleurs ne coulent sur les bourgeons encore dans le coton afin d'éviter des risques de brulure lié au gel). Il faut éviter les coupes rases lorsqu'on élimine un courson au profit d'un autre mieux placé sur le cep ou la baguette de l'année. Cela est vrai dans les autres tailles. Il faut laisser un chicot (cône de dessèchement) dont la hauteur peut correspondre au diamètre du sarment et le faire dans une couronne.
Cette technique de taille permet si elle est bien conduite de limiter très fortement la formation de la tête de saule et l'impacte négatif des plaies de taille mutilante.
La taille en cordon est une taille dite courte. Elle se distingue par la formation d'un bras horizontal de part et d'autre du tronc du cep. Il est permanent et est donc attaché sur le fil porteur. Les coursons doivent être régulièrement espacés (environs 3 à 4 courson espacés d'une largeur de main). Cette méthode offre une excellente stabilité de production et facilite la les opérations viticoles.
Cette technique permet une gestion précise de la charge en fruits et assure une bonne aération des grappes, contribuant ainsi à la qualité sanitaire de la récolte. L'autre avantage est qu'il n' y a pas besoin de revenir chaque année pour attacher les sarments de production : c'est une grosse différence avec les autres tailles. Dans cette taille, il est important que les coursons soient le plus proche du cordon. Il faut éviter la formation des cheminées et ne pas hésiter dès que cela est possible, de redescendre le courson voir l'anticiper avec un gourmand ou pampre.
La taille en gobelet est une taille courte. C'est une méthode de taille traditionnelle par excellence que le trouve particulièrement dans les régions chaudes et sèches. Elle permet une excellente exposition des grappes tout en offrant une protection naturelle contre les fortes chaleurs.
Cette forme de conduite favorise une maturation homogène des raisins et s'adapte parfaitement aux vignobles non palissés, bien que sa mécanisation soit plus complexe voir impossible.
Cette une taille courte dont le palissage est large et haut. Le travail du sol avec les engins agricoles est un peut compliqué du fait de la structure du palissage. Cette taille tire son nom de ses deux axes de palissage qui forment une lyre : un Gros Y. Cette méthode est faite pour créer des zones d’ombre et permet une optimisation de l’ensoleillement et une bonne ventilation de la vigne.
Elle fait de plus en plus d'adepte car elle est adaptée pour les climats chaud. Avec le réchauffement climatique, elle est remise au goût du jour.
Cette taille offre de gros avantages comme par exemple une meilleure evapo-transpiration du feuillage et une augmentation de la capacité de stockage des sucres dans le cep de vigne en période hivernale. La taille courte en courson permet de conserver tous les raisins en bas du rideau de palissage, donc plus près du sol qui réfléchit de la chaleur accumulée la journée. Les raisins étant dans la partie basse du palissage, ils sont mieux exposés aux rayons du soleil et fixent plus facilement la matière colorante pour les rouges. Les raisins sont plus haut que dans les autres palissage et sont moins sujets aux maladies. Cela permet de réduire les traitements phytosanitaires.
La taille précision est une taille courte. Cette taille est la pire qui puisse exister. Elle est 100% mécanisée avec une machine qui vient cisailler l'ensemble des sarments. Parfois il y a un opérateur qui vient supprimer quelques coursons. La durée de vie de la vigne est de dix ans. Passé cette durée, la vigne est arrachée puis replantée : c'est la course au rendement !
L'utilisation d'outils adaptés est fondamentale pour réaliser une taille de qualité. Les sécateurs, qu'ils soient manuels ou électriques, doivent être parfaitement affûtés pour garantir des coupes nettes et favoriser une bonne cicatrisation.
La désinfection régulière des outils entre chaque cep constitue une pratique essentielle pour prévenir la propagation des maladies du bois et assurer la santé du vignoble.
Une taille inadaptée peut avoir des répercussions graves sur la santé et la productivité des ceps. Les erreurs de taille favorisent l'apparition de maladies du bois et peuvent compromettre durablement le potentiel de production de la vigne.
Le dépérissement des ceps résultant d'une mauvaise taille se traduit par une baisse de vigueur, une diminution des rendements et peut même conduire à la mort prématurée des plants.
La réussite de la taille repose sur une bonne compréhension de la physiologie de la vigne et le respect de quelques principes fondamentaux. Il est crucial d'adapter la charge en bourgeons à la vigueur du cep et aux objectifs de production.
Une attention particulière doit être portée à la qualité des coupes et à leur positionnement pour favoriser une bonne circulation de la sève et minimiser les risques sanitaires. La formation continue des tailleurs et le suivi régulier des parcelles contribuent également au succès de cette opération cruciale.