Les épisodes de gel sont de plus en plus présent. Le dérèglement climatique favorise ces épisodes nordiques qui surviennent de plus en plus tard après le débourrement de la vigne. Pour les viticulteurs c'est une menace qui se répète avec la destruction de la récolte de l'année mais aussi les problèmes sur la taille et de ce fait l'impacte pour les futures récoltes. Nous avons listé trois actions qui peuvent limiter les gelées destructrices tout en respectant l'environnement. Pour bien comprendre la situation, il est nécessaire de connaître les différents types de gelés et les impactes associés.
Par Stéphane R Le : 13-02-2025
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La gelée d'automne survient généralement en fin de saison végétative. Elle affecte principalement l'aoûtement des bois et peut compromettre la résistance des ceps aux froids hivernaux. Les températures descendant entre -2°C et -4°C provoquent une lignification précoce des sarments, impactant la qualité du bois pour la taille suivante. L'impacte sera visible au débourbage car les réserves n'auront pas été suffisantes durant cette période de mise en réserve.
Les gelées hivernales représentent un danger majeur lorsque les températures chutent en dessous de -15°C. Ces conditions extrêmes peuvent entraîner l'éclatement des vaisseaux conducteurs de sève et la mort des bourgeons latents. Les dégâts sont particulièrement sévères sur les jeunes plants et les cépages sensibles. C'est pour cette raison que les nouvelles plantations se font au printemps. Toutefois, dans certaines régions il est tout à fait interessant de les faire au début de l’hiver afin de favoriser un bon enracinement.
Les gelées printanières constituent la menace la plus redoutable pour les vignerons. Survenant lors du débourrement, elles peuvent anéantir les jeunes pousses et les inflorescences en formation. Une seule nuit à -2°C suffit à compromettre significativement le potentiel de récolte de l'année. Comme nous avons une avance de phase au niveau des cycles végétatif du au réchauffement climatique, cette gelée est maintenant systématique. Il existe des moyens pour limiter les dégâts on va en parler dans cet article !
Le gel radiatif se produit par temps clair et calme, lorsque la chaleur du sol s'échappe vers l'atmosphère. Il crée une stratification de l'air froid près du sol, particulièrement dommageable pour les vignes basses. Le gel advectif, lui, résulte de l'arrivée d'une masse d'air froid et se caractérise par des vents soutenus, rendant la lutte plus complexe.
Maintenant vous avez les connaissances adéquates pour comprendre que si nous sommes sur du gel printanier avec le débourrement bien avancé et que ce gel est advectif : il n' y a pas grand chose à faire : c'est ce qui c'est passé en 2021 avec100% de perte pour certaines parcelles.
La gestion de la taille est l'un des moyens les plus efficace. La vigne est une plante acrotone. Cela veut dire que le débourrement se fait par la fin de la plante. En fonction de la taille de la vigne mise en place sur sa parcelle, on va laisser plus de bourgeon. Sur une taille courte (courson) on va faire une pré taille et laisser une sorte de baguette à 5 œils. Lorsque la période de gelée est passée, on retaille à deux yeux.
C'est pareille pour une taille longue. On va pré tailler la baguette et le courson et revenir pour finaliser cette dernière. Il est évident que cela à un cout et c'est du temps ! C'est pour cela qu'il existe des pré-tailleuse : encore faut il que la parcelle soit mécanisable et que le palissage puisse accepter cette machine.
La gestion raisonnée de l'enherbement constitue une stratégie préventive efficace. Un couvert végétal trop développé augmente les risques de gel en créant une barrière thermique. Il est recommandé de maintenir une végétation rase ou de pratiquer un désherbage mécanique avant les périodes à risque.
Le non-travail du sol pendant les périodes sensibles permet de conserver l'eau dans le sol et éviter une évaporation prématurée qui va augmenter l'impacte du gel. Un sol tassé conduit aussi mieux la chaleur qu'un sol fraîchement travaillé, créant ainsi une protection naturelle contre les gelées radiatives.
La surélévation du fil porteur éloigne les bourgeons de la zone la plus froide près du sol. Cette technique simple mais efficace peut réduire significativement l'impact des gelées printanières, l'air froid ayant tendance à stagner dans les parties basses. Cette technique n'est pas simple à mettre en place sur une vigne existante car il faut revoir le palissage.
Les préparations biodynamiques à base de prêle, valériane ou silice contribuent à renforcer la résistance naturelle des vignes au gel. Appliquées en pulvérisation avant les périodes à risque, elles stimulent les défenses naturelles des plants.
L'utilisation de lampes UV permet de créer une barrière thermique protectrice. Cette technologie innovante stimule la production de protéines de résistance au froid dans les tissus végétaux.
Les systèmes de chauffage électrique installés le long des rangs maintiennent une température positive autour des zones sensibles. Cette solution, bien qu'efficace, nécessite une installation conséquente et une source d'énergie importante.
Les tours antigel brassent les couches d'air pour éviter la stratification thermique. Les canons à air chaud complètent ce dispositif en injectant de l'air réchauffé dans les parcelles menacées.
L'aspersion d'eau exploite le principe de la chaleur latente de fusion. En gelant, l'eau libère des calories qui maintiennent les tissus végétaux à 0°C, évitant ainsi les dommages cellulaires. Le problème cs sont les rayons du soleil qui peuvent survenir : cela grille les bourgeons.
Les bougies antigel et la combustion contrôlée de bottes de paille créent des zones de chaleur localisées. Ces méthodes traditionnelles restent efficaces pour les petites surfaces mais nécessitent une main-d'œuvre importante. Ces techniques sont efficaces mais pas écologique avec le relâchement de particules fines.
Les voiles de protection constituent une barrière physique contre le gel. Ces tissus techniques permettent de maintenir une température plus élevée autour des plants tout en laissant passer l'air et la lumière.
Face aux défis croissants des changements climatiques, la protection du vignoble contre le gel nécessite une approche globale et raisonnée. La combinaison de méthodes préventives écologiques et de solutions techniques adaptées permet de sécuriser la production viticole tout en préservant l'environnement. L'avenir de la viticulture repose sur notre capacité à développer des stratégies durables et respectueuses des écosystèmes et à faire en sorte que la vigne soit la plus résiliente possible. Sur ce dernier point, l'approche biodynamique est en avance et fonctionne.